Voilà 3 années maintenant que la grande concentration hivernale des Millevaches est renée de ses cendres.
Sous l'impulsion du MC Meymacois et de Bill son président ce rassemblement qui fut l'un des piliers des concentrations hivernales des années 70 a attiré près de 3500 motards cette années sur le plateau limousin de Millevaches dans la joie et la bonne humeur qui (enfin) ne rythme plus avec rupteur.
Car à Millevaches les belles mécaniques sont préservées.
Cette concentration historique créée en 1969 par Michel Perdrix est fréquentée par de nombreux (toujours jeunes) anciens mais également par des motards qui n'ont pas connu les heures de gloire de ce rassemblement de téméraires et d'irréductibles de la pratique de la moto en pleine saison hivernale...
les side cars sont des valeurs sures des hivernales : 3 roues obligent...
Car ce sont également les conditions climatiques parfois difficiles voire littéralement neigeuses qui ont forgé la légende des Millevaches dont l'altitude du plateau du même nom varie entre 500 et quasi 1000m.
Mais si la neige n'était pas au rendez-vous pour ces premières éditions c'est qu'elle se réserve pour les suivantes lorsque les nouveaux adeptes auront suffisamment tanné leur cuirs et leurs équipements adéquats sur les routes du haut Limousin.
En attendant l'équipe de 80 bénévoles continue de se roder et d'améliorer accueil et organisation pour faire de cette concentration motocycliste hivernale internationale l'équivalent hexagonal des Pinguinos espagnols et autres Elefantreffen (les Elephants) germaniques.
En attendant les premiers flocons (en 2012?) Patrice Altazin nous plonge dans l'atmosphère si particulière de ces hivernales moto qui bercent toujours l'inconscient collectif de tous les motards!
Probablement évocateur pour des éleveurs, mais pourquoi ce vocable circule-t-il tant actuellement dans le microcosme motard ?
Une première recherche permet de découvrir qu'il s'agit d'une petite commune de haute Corrèze.
Géographiquement, c'est un plateau granitique situé dans les monts du Limousin, sur le flanc ouest du Massif Central et parfois surnommé le château d'eau de la France pour ses tourbières et multiples sources (Vézère, Vienne, Creuse ou Corrèze entre autres).
Culturellement, c'est aussi un parc naturel de 3300 km2 où l'eau, omniprésente, abreuve les zones de cultures, d'élevages et de bois qui se partagent le territoire.
Alors, pourquoi cette locution de Millevaches est associée à la moto, et particulièrement à l'entrée de l'hiver ?
Revenons au milieu du XXème siècle, en 1969 plus exactement.
L'époque est trouble, un vent de rébellion agite les esprits et le monde motard est à la pointe de cet état d'insoumission.
En région parisienne, Michel Perdrix, du MC 95, rêve d'une grande concentration hivernale, à l'image des Éléphants en Allemagne ou des Dragons en Angleterre.
En France, les Chamois est LA référence de concentration libre (libérée du rigorisme des règlements) et internationale, mais elle a une réputation entachée par de trop nombreux accidents
J'estime que 250 motos arrivèrent au pied du Plateau de Millevaches, 106 machines réussirent à gravir la route de crête et purent se faire inscrire durant les deux journées.
Si ces conditions dantesques ont limité le nombre de participants elles ont, à contrario, largement participé à l'émergence du mythe … qui prend de l'ampleur au fil des années et arrive à son paroxysme en 1974.
Fin août 2008, une bande d'hurluberlus animée par le président du MC Meymacois, Bill, se lance dans le projet du renouveau de cette concentration, dans le sillage de l'émergence des hivernales.
Si les Éléphants restent une référence, le Kristall Rally (Norvège) fête son 37ème anniversaire, les Marmottes anime toujours les motards Français et, en Espagne, Los Pinguinos voit sa fréquentation exploser.
De plus, 2009 marquera le 40ème anniversaire de la création de cette concentration emblématique des Millevaches.
Il est donc décidé de se donner une année pour valider un projet et relancer cette manifestation sur des bases bien définies et exprimées ainsi :
Respect de l'idée initiale, mais tout de même adaptée aux contraintes modernes (entre autre législatives).
Sauvegarder l'esprit qui guidait le fondateur Michel PERDRIX :
- Esprit de challenge personnel ; affronter des températures basses et d'éventuelles intempéries.
- Esprit "gentiment rebelle" ; se dégager d'un maximum de contraintes de la vie de tous les jours pour approcher une expérience particulière, sinon d'exception.
- Esprit d'équipe ; si l'on s'organise cette sortie entre potes.
- Esprit de partage ; se retrouver dans une même passion, partager ses provisions, ses idées, ses histoires,…
- Esprit d'entraide ; une des valeurs primaires de notre monde particulier.
Pour tenir compte de ces principes, il est décidé que l'organisation soit la plus légère possible afin de favoriser cette idée de RASSEMBLEMENT LIBRE.
Les préparatifs se réalisent dans l'objectif de recevoir entre 200 et 300 motards.
Le 12 décembre 2009, c'est 1800 qui répondent à l'appel !
Cet afflux massif, malgré des températures largement négatives et quelques chutes de neige, oblige à une sérieuse remise en cause de l'organisation dans les derniers jours qui précèdent.
L'aspect volontairement spartiate est encore amplifié par cet important débordement et s'avère un facteur crucial du fantastique accueil procuré par les participants.
Les anciens apprécient de retrouver l'environnement de leurs jeunes années et les novices vivent avec délectation ces moments de grande chaleur humaine, de partage entre passionnés !
2010
L'équipe est heureusement rodée par la première édition du renouveau.
Un nouveau terrain de 12 hectares accueille près de 3000 participants.
Gel, givre, mais pas de neige, au grand désespoir des puristes d'hivernales.
De toute la France, mais aussi d'une dizaine d'autres pays.
Pourtant, la météo nous offre des conditions plus automnales qu'hivernales.
Les premiers se présentent à Meymac à partir du vendredi.
La salle des fêtes est investie par un bataillon de charme chargé d'enregistrer les arrivants et leur fournir pass, médailles, tickets boissons et informations.
Ce premier lieu de rencontre voit aussi l'activité ininterrompue d'un bar qui offre café et vin chaud.
Gobelets fumants en main, le groupes se font et défont dans cette salle, mais aussi dans l'espace extérieur transformé en site d'exposition, voir de musée.
Tous les styles de machines se côtoient sans vergogne.
A deux ou trois roues, modernes ou anciennes, d'origine ou plus ou moins "améliorées".
Le samedi, le flot de bécanes est tellement important que la circulation devient parfois difficile.
Entre les arrivants et ceux qui repartent vers le bivouac, les riverains bloqués par certaines motos garées sur les accès de maison ou garage, il faut parfois œuvrer pour désengorger le secteur.
De Meymac, une inexorable montée nous conduit, de virages en virages, vers le plateau et le village de Millevaches.
Quelques centaines de mètres d'une petite route et nous voici devant la pâture transformée en lieu de rassemblement.
Les machines s'égayent, les tentes fleurissent, les feux s'allument, les groupes se forment, les échanges de paroles, rires, boissons et aliments décuplent.
Plus la journée avance, plus le terrain, immense au départ, devient petit. Le campement, clairsemé aux premières heures, s'étoffe, se resserre et prend une magnifique ampleur.
La foule se presse à l'abreuvoir, une série de chapiteaux, où officie avec célérité et bonne humeur une armée de bénévoles.
Ils sont 80 à s'investir, avant, pendant et après pour la réussite de cette concentration.
En un peu plus de 48 heures, ils vont percer de nombreux fûts de bières, préparer 500 litres de vin chaud, servir 400 litres de café, et distribuer 500 litres de soupe.
En début de soirée, les files de phares continuent d'affluer. Une équipe filtre l'entrée, gère la sécurité et favorise le passage des riverains.
L'énorme tas de 130 stères de bois a disparu pour alimenter les feux disséminés.
Le calme de cette nuit partiellement étoilée est rompu par les rires et discussions parfois endiablées des femmes et hommes.
Ici, les machines et moteurs sont respectés.
Ce ne sont pas les concerts de rupteurs qui viennent troubler cette chaude ambiance !
Le dimanche matin, les routes de la région se chargent de motos.
Seul ou en groupe, chacun repart vers ses horizons, la tête chargée de nouveaux souvenirs, le sourire au lèvres, le cœur battant à l'unisson de ceux de tous ces compagnons.
Les réactions, sur place comme sur les forums sont dithyrambiques.
La formule est appréciée et favorise le partage.
Certes, certains points doivent encore être améliorés et l'équipe du MC Meymacois, clef de voûte de cet édifice, est déjà au travail pour préparer les Millevaches 2012.
Nous pouvons leur faire confiance.
Avec ce magistral renouveau de cette mythique manifestation, ils ont déjà largement prouvé leurs capacités d'anticipation, de réaction et d'organisation.
Et pour mieux comprendre pourquoi nous sommes autant à vouloir nous retrouver ainsi, dans des conditions qui peuvent s'avérer difficiles, nous pouvons méditer les propos d'un illustre participant, Christian "Papy" Lacombe, dont la plume, et les photos, ont bercé de nombreuses générations de motards.
